Le projet de prolongement du tramway T3 des Maréchaux de la porte de la Chapelle à la porte d'Asnières s’étend sur 4.5 km de ligne et 231 150 m² d’espace public. Les grands principes d’aménagements déjà mis en place dans les projets précédents du TMS et du TME ne sont pas remis en cause. Ils sont reconduits, simplifiés et améliorés dans certains cas. Les aménagements présentent donc une grande cohérence et une continuité d’un bout à l’autre sur les 4,5km du prolongement, ainsi qu’avec les 22 kilomètres déjà mis en œuvre.
Ces principes permettent une identité propre aux boulevards des Maréchaux, et au tramway T3.
Le tramway s'insère en position centrale. Quatre espaces majeurs se distinguent : la porte de Clignancourt, la porte de Saint-Ouen, la porte de Clichy et la porte d'Asnières.
Nous avons conçu un projet cherchant à concilier une efficacité du mode de transport et une excellente porosité transversale au paysage urbain, de manière à tisser des liens forts entre les rives du projet. Les aménagements doivent suivre le sens de l’histoire, qui a vu la ville intégrer ses enceintes successives au cœur de son développement en les faisant passer du statut de « frontière » au statut de « boulevards ».
Ces enceintes sont encore visibles en plusieurs endroits du projet, aux abords de la porte de Clichy notamment.
Nous nous sommes attachés avant tout à atténuer l’effet de frontière induit par la physionomie routière actuelle, loin de celle d’un boulevard annexe du boulevard périphérique, au profit d’une perception plus proche de celle de la couronne verte.
Par extension, notre réflexion s’est aussi portée sur la relation entre Paris et les communes limitrophes. Pour cela, nous avons travaillé sur des notions de sécurité, de lisibilité, et de mise en valeur des liaisons douces.
Ce travail nous a permis de concevoir un projet prenant en compte la véritable épaisseur des boulevards tout en soulignant les particularités de chacune des portes.
On peut ensuite aborder les principes d’un urbanisme « induit », utilisant la dynamique d’une telle transformation et d’un tel chantier pour générer des projets urbains, ou accompagner les projets en cours, comme celui de la ZAC Clichy-Batignolles ou de la ZAC Pouchet.
La conception a également été guidée par une volonté de continuité avec les aménagements déjà réalisés, le tramway devant se lire dans sa globalité du Pont Garigliano à la porte d’Asnières, même s’il traverse des séquences variées.
Un aménagement lisible, avec une mise en œuvre aisée, des techniques déjà éprouvées, ainsi que la totalité des pavés issus de la récupération et transformé, ont permis des espaces pérennes et un entretien facilité par les services de la Ville.
En résumé, la qualité constante des usages, liée d’abord au renforcement de l’identité des séquences traversées, complétée ensuite par des interventions sur les points majeurs nous semble une attitude adaptée aux enjeux du projet.
Les « défis urbains » entrepris :
Poursuivre l’identité du T3 en confortant l’identité des quartiers traversés : Un des enjeux majeurs est le principe de continuité du projet avec les 22 km déjà mis en service. Toute l'insertion et les enjeux d'aménagement ont tous été réalisé dans une vision parisienne, avec une cohérence de l'identité déjà établie du tramway des Maréchaux, de continuité tout en s'insérant dans une logique et une spécificité des espaces traversés.
Supprimer la frontière avec la périphérie : l’espace dédié à la voiture sur ces boulevards était si important qu’ils étaient plutôt perçus comme une frontière de plus, doublant le boulevard Périphérique, cette rupture était d’autant plus forte que les trémies routières créaient de véritables fossés au centre de la voie. Les enjeux de l’aménagement du tramway sont clairs, il s’agit de supprimer cette dimension de frontière et créer un véritable lien entre les rives, entre Paris et sa ceinture rouge, entre Paris et les communes limitrophes. Les boulevards ont retrouvé avec le passage du tramway leur fonction historique, celle voulue par Napoléon III, de promenade et lieu de divertissement. La suppression des trémies a permis de repenser le boulevard à plat, comme un espace traversant. Ce travail de porosité transversale a été accentué par la mise en valeur des Portes, ces pénétrantes qui sont toutes le lieu d'une station, et par là même d'un point particulier d'aménagement qualitatif. Les objectifs de l'aménagement sont le rassemblement et la cohérence, le lien entre les rives, et faire de ces espaces de véritables lieux de vie. L’image que nous avons proposée s’attache donc avant tout à atténuer l’effet de frontière induit par la physionomie « routière » actuelle, loin de celle d’un boulevard annexe du boulevard périphérique, au profit d’une perception plus proche de celle de la couronne verte.
Créer des Echanges et de l’intermodalité : « L'architecture des échanges » est une démarche d'urbanité liée aux stations affirmant la diversité des lieux traversés. La réalisation d'un tramway est bien sûr une « figure imposée ». Mais dans les limites de l'épure, le tramway est en lui-même un lieu de vie : un lien qui devient un lieu. Cette notion peut s'appliquer aux quartiers existants qui sont « dynamisés » par la création de la ligne, principalement dans la « ville constituée ». Elle peut aussi s'appliquer aux articulations principales du projet, sites particuliers, où il est important de construire des espaces de vie, conçus entre une vision statique et une vision dynamique du projet, et dépassant la simple demande fonctionnelle.
Le tram comme facteur de Renouvellement urbain : L'urbanisme est un enjeu plus large qui recouvre l'insertion des projets engagés mais aussi une notion « d'urbanisme induit » généré par le tramway. C'est une forme nouvelle du renouvellement urbain. Certains secteurs tendront vers un développement ou une qualification nouvelle due à l'arrivée du tramway comme l’ilot Huchard. Le tramway vient également conforter les projets en cours, comme à la porte de la Chapelle avec le projet de Chapelle Internationale ou, le GPRU Porte Pouchet, l'aménagement PBA Porte de Clichy et la ZAC des Batignolles. Ce mode de pensée croisant les enjeux de tracé, d'échanges, d'urbanisme, confronté chaque fois à un « imaginaire urbain » particulier est mis en œuvre dans ce projet et accompagne les principes d'aménagements. La requalification urbaine induite par la mise en place du tramway a permis une refonte complète du paysage urbain dégradé des boulevards des Maréchaux ; l’objectif était de restaurer leur statut de boulevards, en tant qu’Espace Public réellement partagé par tous les usagers.
Conserver le patrimoine végétal : Les boulevards sont situés dans la ceinture verte parisienne ; ainsi ils constituent l’une des continuités végétales représentatives de cet espace et un maillon important de la biodiversité à l’échelle de Paris qu’il s’agit, à travers le projet, de favoriser. On a veillé pour cela : à conserver le patrimoine arboré remarquable / à maintenir la continuité des alignements / à diversifier les strates végétales / à diversifier les essences en accord avec le plan biodiversité de la ville de Paris. Les aménagements liés à l’arrivée du tramway proposent le rééquilibrage des espaces publics et à travers eux c’est l’image de la promenade, de la flânerie urbaine, qui réapparait. La qualité de présence du végétal est, à ce titre, essentielle à porter dans nos aménagements.
Utiliser des matériaux recyclés et maitriser le bilan carbone : à Paris, près de 10 000 tonnes de pavés et bordures en granit sont déposées par an à l’occasion de travaux d’aménagement de la voie publique et sont ensuite recyclés sous forme de pavés et bordures arasées. Tous les pavés des aménagements ont été issus du recyclage en plus d’un contrôle maitriser du bilan carbone pour la fourniture des pierres et, ce afin de réduire les coûts d’’aménagements et de diminuer l’empreinte carbone globale du projet.
Réaliser des Travaux sur des boulevards urbains circulés : réaménagement des Portes
Les moyens :
Les principes à l’œuvre dans le parti d’implantation de notre équipe sont basés sur 5 impératifs :
- Composer à partir de la trame végétale existante car les arbres d’alignement sont indissociables de l’idée de boulevard.
- Redonner aux trottoirs la place que l’automobile avait confisquée au détriment du cadre de vie et de l’économie locale.
- Assurer l’efficacité du report entre les modes de transports collectifs et entre les modes actifs.
- Maintenir une circulation correcte dans un espace pacifié, notamment en ce qui concerne les capacités d’approvisionnement et de stationnement des riverains.
- Révéler les qualités des Espaces Majeurs que constituent les Portes en tissant des continuités avec les projets et les communes limitrophes.