C’est l’emblème de l’entrée Nord de Marseille, un beau navire de béton entre port, ville historique et territoire de mutation. Construit au début des années 1920 avant d’être sauvé in extremis pour être transformé à l’issue d’un montage complexe en salle de spectacle. Pas n’importe laquelle. En cours de route, son programme n’a cessé d’évoluer. Aux concerts de musique amplifiée, aux variétés, se sont ajoutés l’opéra, la danse, le théâtre, avec leurs spécificités. Autant de contraintes et de polyvalence, de modularité, de contrôle acoustique, doublées de prescriptions urbaines drastiques : interdiction d’utiliser le rez-de-chaussée forçant à créer des rampes d’accès vers l’accueil et la scène à plusieurs mètres au-dessus du sol, obligation de laisser intacte l’enveloppe du bâtiment…
Résultat, Le Silo incarne la vigueur des efforts transcendés. A l’extérieur, la terrasse a des respirations de forum. A l’intérieur, le foyer, superbe, tout en béton brut, occupe l’ancienne chambre à blé des moulins. Un volume exotique, baptisé « salle des Mamellesé », à cause de l’extrémité basse des cuves suspendues au-dessus des têtes, terminées en un cône, qui hier servait à déverser le blé. Près les escaliers compressés au teintes tranchées de orange et rouge lupanar, la salle à l’italienne, entre gris, noir et même bleu suivant la lumière, paraître plus vaste (50 mètres par 25). Aux impressions d’immersion s’ajoute soudain l’étonnante intimité sonore entre plateau et parterre.