La ville de Seraing a amorcé une démarche volontariste et ambitieuse de requalification urbaine avec l’adoption d’un Master Plan en 2005 identifiant l’ensemble des actions à mener pour la reconquête de la vallée industrielle.
Ce projet s’inscrit dans cette volonté de revitalisation du centre-ville de Seraing au travers de la reconversion et la mise en valeur de son héritage architectural fort de 200 ans de prospérité industrielle. Les halles qui nous intéressent ici y sont identifiées comme « Bâtiment repérant », leur conférant un rôle de marqueur architectural et urbain, une force patrimoniale et l’idée d’un lieu totem pour la ville. « Gastronomia » fait face également à des objets singuliers tels que Neocittà, la Cité Administrative, et le bâtiment "l'Orangerie", siège social de CMI nouveaux emblèmes modernes de la ville.

L’entrée « logique » du site se fait depuis la rue Potier et sa façade patrimoniale : magnifique collection de halles qui dessine une skyline unique se poursuivant naturellement jusqu’à la rue Cockerill. Elles constituent une architecture répétitive, fonctionnelle à la nature musicale euphorisante. C’est ce mouvement basé sur le rythme, la cadence et la dissonance que nous recherchons à réintroduire dans le projet mixte de la rue Cockerill.

Le contexte industriel impose de ne pas ajouter de nouvelle grille de lecture et d’échelles qui en brouillerait la lecture.

La brique est ici l’unique matériau, elle se décline selon son mode de pose : lisse, texturé, ajouré. Le projet se fonde sur une recherche autour de ce matériau identitaire et unitaire, porteur d’une identité collective forte.

Des lignes verticales dessinent la façade abstraite sans lecture de niveaux ou d’usages. Il s’agit soit de failles ouvertes avec des baies ; soit de bandes pleines ou ajourées avec une recherche sur des moucharabiehs en brique le long des jardins d’hiver des appartements. Cette recherche sur la matière nous amène à réfléchir aux qualités intrinsèques des espaces, des lieux de vie et d’usage, et proposer des lieux appropriables qui réinterrogent les modèles traditionnels.

La faille dessinée au sein de l’immeuble « Angle » permet de ménager une vue sur la halle qui reste l’élément architectural fondateur du site, et ménage une interface entre des fonctions qui peuvent être différentes ou non en fonction de l’évolution des usages.

La réhabilitation de la halle sera respectueuse de l’histoire du lieu : elle consistera en une remise en état de sa structure, toiture, et tympans. La nature musicale du lieu au travers de la répétition d’éléments simples, doit être ici protégé, magnifié et mise au service de sa nouvelle fonction dans le paysage urbain et culturel.

De halle industrielle, elle devient une halle marchande et culturelle.

On vient ici magnifier l’idée d’un lieu « vide » avec des climats intermédiaires, des lieux d’appropriation, des milieux habités.

Les aménagements au sein de la halle veille à laisser son volume lisible, il fait partie intégrante de son expression. Des boîtes viennent ainsi se glisser sous la mezzanine, ou encore derrière sa structure, rien ne vient perturber la lecture de cet espace. Cette approche permet d’être en accord avec une approche économique directement corrélée à l’approche spatiale.