Dans la «lecture urbaine» du centre de Saint Nazaire, la sensation la plus frappante est liée à la rupture d’échelle entre la ville domestique et les signes et symboles qui constituent la silhouette de la ville portuaire. Dans cette relation, la masse de la base sous-marine joue un rôle particulier. Celle-ci revalorisée, rend possible la « restitution » de l’axe de la rue de la Paix selon une «coupe» valorisant les espaces et les seuils depuis la rue de la République jusqu’à la mer. Le commerce urbain est l’outil de cette continuité, redonnant son statut au centre ville à l’échelle de l’agglomération. Le pôle de la Maison du Peuple constitue la véritable interface entre la ville et le port en intégrant le « seuil » physique entre ces deux univers différents. Le projet consiste alors à prolonger l’esprit au regard de l’organisation commerciale et à proposer ensuite une architecture adaptée à cet enjeu.

Le «pôle» de la Maison du Peuple constitue dans son ensemble un objet autonome et identifiable. Ce statut particulier doit être perçu depuis les rues de la ville. Même s’il y a continuité de l’espace public, il y aussi des temps d’arrêt à respecter, perceptibles comme un ensemble de seuils qu’il faut passer avant de pénétrer dans le centre lui-même. La composition utilise les anamorphoses entre les volumes et les éléments d’architectures (incluant bien sûr la Maison du Peuple) à divers moments de son parcours. Ces différentes visions sont identifiables et mémorisables et elles orientent « l’objet » selon que l’on vient de la ville ou du port.
Ces points d’architecture amorcent aussi la conception de l’intérieur du centre conçue comme un parcours architectural renforcé par les fonctions commerciales adaptées à chaque lieu. Une rue « marchande » nouvelle s’inscrit dans la maille des rues de la ville de la reconstruction. De plain pied avec la ville, elle se termine en balcon sur la place de l’Amérique Latine. En face de l’imposante masse de la base sous marine.

Le projet est à la fois un objet unique et identifiable et un ensemble de lieux spécifiques jalonnent le parcours et trouvant des relations spécifiques avec la ville. Le grand auvent construit la jonction avec la rue de la Paix redevient elle-même une rue marchande pénétrant dans la ville balnéaire. La maison du peuple réhabilitée est le second point singulier du site. Elle s’ouvre au Sud sur une place réalisée au carrefour des voiries. Le « balcon » sur la place de l’Amérique Latine est exprimé ensuite comme une loge urbaine où est située le pôle de restauration. Ce grand socle commercial développé entre les deux niveaux de la ville est ponctué ensuite par la géométrie simple et colorie des ensembles de logements. Cette articulation urbaine fait le lien entre la première séquence de Ville port et la ville balnéaire. Elle s’inscrit aussi dans une ambiance colorée où le blanc est le révélateur des gammes de grés qui sont la marque des couleurs de l’Estuaire, et où les couleurs vives participent à l’identification des lieux.