Le travail sur le patrimoine industriel « mineur » permet une réflexion sur les espaces et l’image architecturale d’un bâtiment dans des contextes particuliers.
L’insertion du centre technologique de General Electric au cœur même des halles de production de ses turbines à Belfort témoigne de ces nouveaux rapports à concevoir.
Le patrimoine sur lequel le projet s’appuie est un ensemble de halles métallique dont la façade « vue » est rehaussée d’une architecture en brique. Au fil du siècle et des développements urbains, il se trouve que cette façade historique est aujourd’hui face à l’intérieur du site et que sa façade « côté ville » n’existe pas.
C’est en utilisant le volume des halles et en recréant des émergences contemporaines totalisant 10.000 m² de bureaux que le projet insère une nouvelle image dans cette ambiance industrielle. Les volumes neufs et anciens s’imbriquent les uns dans les autres comme des « doigts de gants » favorisant un dialogue dual anciens - nouveaux, histoire et modernité, volume haut – halles basses.
Cependant pour s’affirmer dans son contexte de halles et de halls industriels, ces volumes de 30m de haut, habillés de bardage délavé et visible de tous les points hauts de la ville, le nouveau bâtiment offre une double lecture de sa façade : - Celle d’un volume unique, définissant un nouveau sky-line à l’image des volumes mitoyen avec sa double peau en métal déployé - Et une image de bâtiment tertiaire par le rythme des ouvertures percées dans un bardage coloré.
Ces deux échelles forment un ensemble architectural dont l’image « bouge » avec les reflets du soleil tout en conservant la présence et la lecture d’un volume avec celle de la fenêtre.
Le nouveau programme se compose uniquement de plateaux de bureaux répartis dans les deux volumes neufs, indépendants dans leur fonctionnement, émergeant des halles sur les façades ouest et sud et dans l’existant, ils sont reliés par une rue intérieure donnant à voir l’ampleur des anciennes halles. Ce nouvel ensemble est mitoyen d’activités industrielles existantes, logées dans le reste du bâtiment, en attendant leur mutation en un nouvel ensemble tertiaire.
Pour permettre de faire fonctionner ces nouveaux espaces de bureaux, nous avons réfléchi aux espaces bâtis et à leur aménagement pour qu’ils deviennent fonctionnels et évolutifs. On conçoit ainsi des bâtiments de 18,90 de large avec des noyaux centraux et des espaces de travail libres ou divisibles tout autour, complétés d’une réflexion sur les vides : jardins, rues intérieurs, la double hauteur et terrasses.
Les façades de l’existant sont conservées et restaurées une fois les « ajouts » démolis, la brique et les enduits sont repris à l’identique. La partie nord, non concernée par les modifications de programme, conserve son bardage métallique. Les volumes neufs sont habillés d’une peau en bardage métallique coloré doublé par une maille métallique en caillebotis permettant de passer naturellement du paravent sur la cour industrielle à une double peau puis à une vêture de brise soleil pour les bâtiments de bureaux. Cette peau, en maille métallique, redonne un aspect unitaire aux volumes construits, effaçant la ponctuation des ouvrants des bureaux. La lecture de cette double peau est différente selon que l’on est en face ou en défilement (son opacité variant suivant le point de vue). Les volumes ainsi restitués par cette double peau recréent un ski-line à l’ensemble du bâtiment 66 - 67 - 68 à l’image des halls industriels d’Alstom. A l’intérieur, toutes les jonctions, tous les frottements entre le moderne et l’ancien seront utilisés pour amener la lumière en profondeur dans le bâtiment et pour valoriser la qualité des architectures. Les charpentes métalliques sont repeintes, les matériaux des sols et des plafonds seront choisis en cohérence avec l’esprit industriel du lieu.